
a preuve éclatante de ce que nous sommes habités par la grâce, c’est que nous nous accordons spontanément, par bienveillance, avec notre semblable.
Cette disposition intérieure nous amène à considérer toute personne qui a besoin de notre assistance comme aussi proche que Dieu et à ne pas la négliger ni à l’oublier dans nos préoccupations. Ainsi, nous rendons vivante en nous, avec zèle et en acte, cette disposition qui nous tourne vers Dieu et le prochain. Notre action est en effet une démonstration de notre disposition intérieure…
Rien ne convient mieux, pour vivre proche de Dieu, qu’une compassion, plaisante et joyeuse, offerte du fond de l’âme à ceux qui sont dans le besoin. En effet, si le Verbe considère que le prochain est Dieu (il dit en effet : ce que vous avez fait à l’un de ces petits, c’est à moi que vous l’avez fait (Mt 24, 40), or il est Dieu), combien plus fera-t-il vraiment Dieu par grâce et par participation, celui qui est capable de faire du bien et qui le fait parce qu’il aura calquer son comportement sur l’action bienfaisante de Dieu.
Et si le pauvre est Dieu à cause de la bienveillance de ce Dieu qui s’est appauvri pour nous (2 Co 8, 9) et si ce Dieu, parce qu’il compatit aux souffrances de chacun, souffre mystérieusement jusqu’à la fin des temps à la mesure de la souffrance de chacun - ceci parce qu’il est bon -, on peut conclure que celui qui imite Dieu par son amour des hommes sera Dieu a fortiori. En payant de sa personne, il guérit en effet à la manière de Dieu les souffrances de ceux qui souffrent. Il dispose ainsi, selon sa disposition intérieure et à sa mesure, d’une force de salut identique à celle de Dieu dans sa providence.